Le rapport remis par Henri Nallet, président de l’Observatoire national de l’enseignement agricole à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, à l’issue de la concertation pour l’avenir de l’enseignement agricole qui a eu lieu au printemps dernier a inspiré un document intitulé «un projet stratégique pour l’enseignement agricole» et publié ces jours-ci par le ministère de l’Agriculture.
Le ministère rappelle que l’enseignement agricole est largement déterminé par les orientations des politiques publiques et que ce nouveau cap tient compte, dans un contexte en évolution rapide, de la loi sur la refondation de l’école de la République, des objectifs de la feuille de route de la grande conférence sociale, de la loi d’avenir en préparation sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt, du Grenelle de l’environnement…
Dix priorités ont été retenues. Extraits :
1 – Renforcer la promotion sociale et la réussite scolaire; favoriser l’accès à l’enseignement agricole supérieur
Favoriser l’insertion sociale et l’égalité des chances, à travers la lutte contre le décrochage scolaire, le développement des passerelles entre les différentes voies de formation, le maintien de la place des 4e et 3e dans les établissements, l’accueil et la réussite des personnes en situation de handicap;
Permettre l’acquisition progressive des diplômes; favoriser les poursuites d’études et l’accès aux qualifications supérieures, en recherchant systématiquement une double finalité d’insertion professionnelle et de poursuite d’études. Il convient d’encourager l’accès des élèves de l’enseignement technique agricole (notamment technologique et professionnel) à l’enseignement supérieur, en particulier agricole (BTSA et les écoles nationales d’enseignement agronomique) et de renforcer les licences professionnelles et les dispositifs d’accompagnement des candidats à la VAE.
2 – Conforter les filières de l’apprentissage et de la formation professionnelle tout au long de la vie
À côté de la voie scolaire, la voie de l’apprentissage et la formation professionnelle constituent des vecteurs de promotion sociale et d’accompagnement du développement des territoires. Elles doivent donc être confortées, pour que l’enseignement agricole réponde aux enjeux de la formation tout au long de la vie.
3 – Poursuivre la rénovation des diplômes
Les années précédentes ont été marquées par de profondes réformes du cursus de préparation au baccalauréat, par les voies générale, technologique et professionnelle. La refonte des brevets de technicien supérieur est également en cours d’achèvement. Ces rénovations doivent désormais être analysées, afin d’apporter les inflexions nécessaires pour l’inscription du plus grand nombre de jeunes dans un parcours de réussite. Elles doivent également être complétées par une révision du certificat d’aptitude professionnelle agricole (CAPA), de nature à enrichir un choix positif d’orientation pour les élèves et leurs familles à l’issue de la classe de 3e.
4 – Relancer la pédagogie et les innovations; développer l’utilisation du numérique
L’enseignement agricole a longtemps été reconnu et cité en exemple pour sa capacité d’innovation. Le contexte de rénovation des diplômes, s’il veut répondre à l’objectif d’égalité des chances et de réussite éducative, rend indispensable la relance de cette dynamique d’innovation pédagogique.
5 – Enseigner à «produire autrement»
Alors que, dans la période des « trente glorieuses », l’enseignement agricole avait pour mission de former des producteurs aptes à mettre en œuvre des modèles de production spécialisés considérés comme les plus efficaces du seul point de vue économique, il s’agit désormais d’opérer un «changement de paradigme», de mettre, ou de remettre, l’agronomie au poste de commande, de pratiquer la pluridisciplinarité et l’approche globale, de tirer parti de la diversité des situations géographiques et des modes de production, de préparer à la maîtrise de l’incertitude…
6 – Poursuivre l’ancrage territorial des établissements et les liens avec leurs partenaires
Les partenariats avec tous les acteurs du territoire, notamment professionnels et institutionnels, constituent un moteur de l’enseignement agricole.
7 – Renforcer l’ouverture à l’Europe et à l’international
L’ouverture européenne et internationale doit être un vecteur de rayonnement de la France, leader de l’agro-écologie. Une meilleure intégration de la dimension européenne et internationale dans les formations et les projets pluridisciplinaires sont également nécessaires pour favoriser la mobilité des jeunes et leur ouverture internationale.
8 – Développer les actions éducatives, l’apprentissage du vivre ensemble et l’éducation à la citoyenneté
Au fil de son histoire, l’enseignement agricole a développé des actions propices au développement personnel des apprenants, à l’éducation à la citoyenneté et à un climat scolaire favorable. Sans viser l’exhaustivité, peuvent être particulièrement mentionnés : la petite taille des établissements et la forte majorité d’internes, qui permet l’articulation des temps scolaire et périscolaire; la dynamique créée par la pédagogie de projet, particulièrement à travers des disciplines telles que l’éducation socio-culturelle (ESC) et l’éducation physique et sportive (EPS)…
9 – Développer la formation initiale et continue des enseignants et de la communauté éducative
La qualité d’un système éducatif tient pour une grande partie à la qualité de ses enseignants, dont la formation constitue un enjeu majeur et un levier essentiel. L’acquisition et l’entretien des connaissances et compétences nécessaires à l’exercice de ce métier sont indispensables.
10 – Appuyer les établissements d’enseignement dans leurs projets
Tant le développement de l’agro-écologie que la relance de la pédagogie mettent en avant la nécessité de liens étroits entre recherche, enseignement supérieur et enseignement technique.
Enfin, le ministère insiste pour que ce projet soit ensuite décliné dans le 6ème schéma prévisionnel national des formations prévu pour 2014. Il précise également que la préparation de ce 6ème schéma devra associer, dans les meilleures conditions, les différents acteurs de l’enseignement agricole public et privé. À suivre donc !