Archives du 23/01/2013

Message délivré par 15 jeunes au président de la République aujourd’hui : un pur bonheur !

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Extraits du texte élaboré par quinze jeunes de 16 à 27 ans, lycéens, étudiants, apprentis, salariés, volontaires en service civique…, et délivré à François Hollande ce jour, 23 janvier, à Grenoble lors des voeux du président de la République à la Jeunesse. J’ai fait le choix de ne conserver que les parties traitées par ce blog mais l’ensemble du texte est un pur bonheur ! A diffuser largement me semble-t-il… Un texte pour débattre intelligemment dans les salles de classe

Monsieur le Président,

Nous ne sommes pas les “représentants de la jeunesse française”. Nous sommes quinze jeunes Français qui avons des idées, des projets, des envies, et des vraies propositions pour améliorer les choses.   Parmi nous, il y a des apprentis, des volontaires, des jeunes qui sont allés à “l’école de la vie”. Il y a une coiffeuse. Un journaliste. Un designer. Un lycéen. Des étudiants. Un ancien SDF. Des chômeurs. De jeunes entrepreneurs. Des ruraux. Des jeunes des beaux quartiers et des jeunes de quartiers moins beaux (…).

L’orientation et la vocation

Monsieur le Président,

Nous constatons que l’école ne répond pas assez à nos attentes en matière  d’orientation. Ça ne marche pas !  Nous rêvons d’une société qui nous laisse le temps de trouver notre place. D’un système qui arrête de nous oppresser, avec trop de poids accordé aux notes. Nous rêvons de ne plus être passifs et de ne plus subir une orientation non choisie. Nous rêvons d’être co-auteurs de notre parcours. Nous proposons donc de créer un lien régulier entre les jeunes et les structures professionnelles ou associatives.  Nous proposons la généralisation de parrainages entre jeunes et professionnels.  Nous proposons d’offrir, à tous les jeunes qui le souhaiteraient, la possibilité d’avoir une période de césure au cours de la scolarité, dans laquelle nous pourrions voyager à l’étranger, construire un projet, bref, avoir du temps pour construire notre avenir.

Le goût du travail

Monsieur le Président,

Nous constatons que les modèles de réussite qu’on nous présente sont souvent ceux de professions de prestige, de personnalités médiatiques ou fortunées. Les médecins, les politiciens, les avocats, les footballeurs, les actrices, parfois même les dealers, sont au sommet de l’échelle sociale. Malheureusement dans les mentalités actuelles, les branches professionnelles, les bacs pros, les CFA et les BEP, sont considérées comme des voies de garage. Nous entendons trop souvent « si tu ne travailles pas bien à l’école, tu finiras coiffeuse ou caissière ».   Nous rêvons d’une société qui mette l’accent sur le plaisir et l’engagement que nous aurons à exercer un métier plutôt que de choisir sa filière de formation par manque de choix. Nous aimerions qu’on comprenne que chacun d’entre nous possède le goût du travail et un réel potentiel à valoriser, plutôt qu’on nous fasse croire qu’il n’y a que les grandes écoles pour réussir dans la vie. Nous aimerions montrer aux jeunes que la cuisine peut être un art. Que couper des cheveux et s’occuper de la beauté de ses clients peut donner plus de plaisir et d’amour propre que de passer à la télé ou gagner énormément d’argent. (…)

Méthodes d’éducation alternatives et école de la vie

Monsieur le Président,

Nous constatons que l’école ne s’intéresse pas assez à ceux qui ne rentrent pas dans les cases. On a imposé à certains d’entre nous des filières professionnelles qu’ils ne souhaitaient pas. A cause de cela, certains se sont exclus du système scolaire classique. Ils ont continué à apprendre – et ont appris sur le tas.   Nous rêvons d’un système scolaire où l’école ne serait pas qu’un espace clos entouré par quatre murs, où l’on pourrait apprendre en se confrontant à la vie active. D’un système scolaire où l’apprentissage sur le tas serait reconnu par l’Etat. Nous rêvons d’une école qui s’ouvre aux différents métiers, et qui accueillerait régulièrement des intervenants du monde de l’artisanat, de l’entreprise et du monde associatif dès le plus jeune âge.  Parce que le système scolaire classique ne convient pas à tout le monde, nous proposons de développer et de soutenir l’accès aux pédagogies alternatives.   Nous proposons également de créer un lien entre les jeunes et les personnes âgées. Pourquoi ne pas inciter les adultes à devenir un parrain, un accompagnateur, un référent ?   Pourquoi ne pas remettre au goût du jour le compagnonnage ? Pourquoi ne pas organiser des examens nationaux où chacun pourrait se présenter pour valider ce qu’il a appris sur le tas ?

Les filières d’apprentissage et les stages

Monsieur le Président,

Nous constatons que les filières d’apprentissage sont considérées comme des voies de garage et ne sont pas suffisamment valorisées. Nous nous rendons bien compte que certains métiers subissent de gros préjugés.   Et puis, les apprentissages et les stages sont souvent difficiles à trouver alors qu’ils nous permettent d’avoir un pied sur le terrain, et un pied à l’école.   Nous rêvons de stages et d’apprentissages plus faciles à trouver et jouant un réel rôle de formation, sans prendre la place d’un jeune qui pourrait être embauché pour un poste similaire.   Nous souhaitons que les filières professionnelles, techniques, d’artisanat ou technologiques ne soient pas dévalorisées et que les ponts soient plus faciles pour changer de formation.  Nous proposons de faciliter les stages et les apprentissages en simplifiant les mesures administratives, et d’instaurer des quotas bien pensés pour permettre l’accueil de stagiaires et apprentis dont l’embauche puisse être favorisée par la suite au sein de l’entreprise.

(…)

L’entreprenariat

Monsieur le Président,

Nous constatons que sur les 15 jeunes, nous sommes 5 à vouloir créer notre propre entreprise. Nous sommes très nombreux à avoir envie d’entreprendre. Et c’est pourquoi nous rêvons d’une société qui nous prête les moyens d’entreprendre. Nous rêvons d’un système qui nous parle de créer nos propres emplois plutôt que de nous terroriser avec les débouchés bouchés. D’une société qui nous accompagne dans l’élaboration de notre projet pour permettre à tout le monde de se lancer dans la création d’entreprise. Et pour cela, nous proposons que l’Etat devienne une sorte de “business angel”. Un investisseur qui mise sur nos projets professionnels, et nous responsabilise en nous demandant un retour sur investissement autrement que par l’intermédiaire d’un impôt impersonnel. (…)

(…)

Monsieur le Président,

Nous arrivons dans un monde qui va mal et que nous voulons améliorer. Cette énergie de l’engagement peut vraiment être le moteur du changement !  Vous nous avez promis que « le changement, c’est maintenant » … mais nous ne voulons pas d’un changement de détails et nous souhaitons être impliqués dans ce changement, pouvoir en être acteurs. Beaucoup de jeunes sont révoltés. En Europe, la montée du chômage, des inégalités et de la crise écologique forment une véritable poudrière que nous sentons de plus en plus proche de l’explosion. Nous craignons que, si on ne nous donne pas les moyens de participer à ce changement de société, le mouvement ne se fasse contre les gouvernements plutôt qu’avec eux. En 2 jours, 15 jeunes français de tous milieux et qui ne se connaissaient pas ont montré qu’on pouvait formuler des voeux et construire des propositions concrètes. Nous aurions aimé vous parler de pleins d’autres thèmes : les personnes handicapées, les personnes âgées, les relations nord/sud.   Mais s’il ne fallait retenir qu’une chose, ce serait : “faites confiance à la jeunesse”.

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